Un regard, un partage…

Comme l’avait prédit Christian, le soleil, ce matin, ne s’est pas levé non plus au dessus du Village perdu. Du coup, je me félicite d’avoir emmené avec nous un appareil photo lors de la balade d’hier. Le soleil était au rendez-vous pour marcher autour du nid…

La preuve en images…

Regard sur Le Village Perdu…

Des mots, une histoire

Sur une proposition d’écriture d’Olivia

Mots récoltés : flou – caractère – tendresse – burn-out – lâcher – cloche – enguirlander

Quand on demandait à ses proches ce qui lui était arrivé :

– Sa mère donnait une explication très floue, des larmes roulant sur ses joues…

– Son père marmonnait dans sa barbe que de toute manière, il n’avait jamais eu de caractère…

– Son frère, gêné, parlait d’un terrible burn-out…

– Son fils le traitait de pauvre cloche, de la colère plein la voix.

Lui, il vous aurait simplement dit que ce n’était pas la peine de l’enguirlander, que rien n’y faisait, pas même la tendresse prodiguée par son épouse. Sa souffrance était telle, qu’il lui avait fallu y mettre un terme. Il avait juste eu un besoin impérieux de lâcher-prise et il n’avait trouvé que cette issue fatale, se laisser happer par le 886257 qui passait exactement à 06h38 à proximité du village…

Atelier d’écriture 353 : Bric à Book

Proposition d’écriture de Bric à Book à partir de cette photo.

© @ryanstefan

Le thème interdit : l’enfance !

Je dois bien le reconnaitre, depuis deux ou trois jours, je me sens de plus en plus fatiguée, et de la voir subitement virevolter ainsi autour de moi, m’a à peine surprise. J’ai du mal à distinguer ses traits, je devine juste qu’elle est menue et je ne sais même pas comment elle s’appelle. A moins que j’ai oublié.

Tôt ce matin, elle est venue près de moi et a posé sa main fraiche sur mon front brûlant. Elle m’a regardée sans un mot, elle m’a souri chaleureusement et tout de suite je me suis sentie apaisée. Elle me semblait comme « lumineuse ».

Quand elle m’a tenue la main pour me guider à l’extérieur, j’ai été toute interloquée, moi qui avait du mal à dépasser le seuil de ma porte de chambre ! J’ai tout à coup eu une sensation de légèreté inexplicable. Mes douleurs avaient disparu et j’ai presque eu envie d’accélérer le pas pour avancer plus vite. Confiante, voir soulagée, je l’ai suivie les yeux fermés dans son choix…

Ce matin là, Mathilde, aide-soignante à l’ADMR dû faire appel aux pompiers car personne ne répondait à ses sollicitations derrière la porte. Elle ne fût pas surprise de retrouver Jeanne, allongée dans son lit, sans vie. Mathilde remarqua que Jeanne affichait un sourire d’apaisement sur les lèvres. Intérieurement, elle se dit qu’elle la trouvait très digne et belle dans la mort.

Des mots, une histoire

Sur une proposition d’écriture d’Olivia

Les mots imposés : influenceur – modeler – insipide – saltimbanque – ombre – harmonie – bousculade – mouiller – se perdre – exploiteur – certitude – folie

L’entretien de l’après-midi s’était plutôt bien déroulé et j’avais accepté l’invitation au restaurant pour conclure avec lui. Mais au fil des heures, le doute s’installait.

Accepter de signer avec cet influenceur, c’était comme accepter de signer un pacte avec le diable. A l’instant où je pris le stylo pour parapher les clauses, j’eus la certitude que j’allais me perdre à jamais. Moi qui rêvais d’une vie de saltimbanque, d’une vie faite d’équilibre et d’harmonie entre le personnel et le professionnel, par une signature, c’en était terminé !

Telle une ombre, il allait me suivre, me coller à la peau, avec cet objectif d’arriver à me modeler à son image afin que je devienne tout autant sinon plus exploiteur que lui. J’allais devenir son bras droit et toute son équipe à l’air insipide allait lui rapporter mes moindres faits et gestes.

Rien que l’idée d’y penser, me donnait cette sensation d’étouffer. Je sentais que je transpirais à en mouiller le dos de ma chemise, mes mains devenait moites à en faire glisser le stylo.

Comme pris d’un coup de folie, j’attrapais alors le contrat à pleine main, le froissa et tenta de l’engloutir sans même le mâcher. Une bousculade s’en suivit. Je sentis des mains qui tentaient de s’accrocher, des cris me perforant les oreilles. D’un coup d’épaule, j’arrivais à me dégager et à atteindre la sortie. J’arrivais à m’échapper… De justesse…

Atelier d’écriture 352 : Bric à Book

© Gemma Evans

Proposition d’écriture de Bric à Book à partir de cette photo.

L’aube arrive… Il va me falloir m’effacer avant que les premiers rayons du soleil inondent le hall de l’orangerie. J’ai attendu toute la nuit, mais ils ne sont pas revenus. Depuis leur dernière intrusion dans le château, je suis comme chamboulée. L’un d’eux m’a effleurée sans même sans rendre compte. Mais pour la première fois en plus de 150 ans, j’ai ressenti comme de la chaleur dans ma poitrine. J’ai eu cette impression de vivre ! Est-ce possible ?

Contrairement à d’autres explorateurs, eux, ils étaient précautionneux et respectueux des lieux. Affublés d’étranges petites lampes sur leur front, ils déambulaient dans la bâtisse, photographiant objets, tentures, tableaux et s’attardant sur la béance due à ce terrible incendie. Incendie qui avait détruit une partie des communs, les 3/4 du premier étage dont la chambre où je reposais. En quelques minutes, les flammes étaient venues à bout de l’avenir d’une jeune femme de 19 ans.

Je ne sais toujours pas pourquoi je suis restée prisonnière de cette frontière entre la vie et la mort, mais j’aimerais tant que cela cesse !

Ils sont revenus plusieurs nuits d’affilée et la dernière fois, j’ai déployé tous les moyens pour communiquer avec eux : claquement de portes, déplacement d’objets, grincements de parquets… Le risque majeur était de les effrayer et de les perdre à jamais, mais j’avais tant besoin de leur « crier » ma rage ! Et puis, j’ai remarqué son regard quand il a croisé le mien sur ce tableau où Manet, un ami de la famille avait peint mon portrait !

Jeune femme blonde aux yeux bleus – Edouard Manet

J’y ai vu de la curiosité, de l’attirance pour cette inconnue brulée vive… J’ai ressenti les questionnements, son besoin d’en savoir plus sur qui j’étais, qui je suis… J’ai remarqué aussi la buée dans ses yeux quand j’ai malencontreusement décroché mon portrait alors qu’ils quittaient les lieux.

Je ne crois pas qu’ils reviendront. Mais je sais que l’urbex est en vogue et que probablement d’autres explorateurs viendront fouiner dans ce manoir. J’espère que certains, moins farouches, s’attarderont et sauront enfin me libérer de l’emprise du temps.