
Proposition d’écriture de Bric à Book à partir de cette photo.
Pour cette fois, pas de thématiques interdite !
Affaire classée
C’est alors que je faisais du tri dans les archives de la sous-préfecture, que cette photo s’échappa d’un épais dossier. Derrière, il y avait inscrit 4 matricules et une date : 14 juillet 1935.
Quatre matricules, quatre destins , quatre amies, les mains bientôt nouées par le crime.
Ces quatre jeunes femmes avaient toutes été placées à la même période, à l’Orphelinat Mutualiste vers l’âge de 9/10 ans, pour la raison suivante : Situation dangereuse et malheureuse.
Toutes les quatre avaient eu une enfance violentée et bafouée.
A gauche sur la photo, on y voyait le Matricule 62530, Jeanne la Fatale, accusée du meurtre de sept jeunes hommes âgés de moins de 25 ans, qui avaient tous péri de mort lente par hémorragie suite à une castration. Jeanne avait une soif de vengeance contre tout ce qui portait pénis et qui avait tenté de la séduire. Il était stipulé que les sept victimes portaient un prénom identique, celui d’un oncle de Jeanne.
Punis de la peine capitale, Jeanne fût guillotinée à l’aube du 17 novembre 1936.
A sa gauche, Matricule 62629, se trouve Arlette la Muette. Elle aussi fût accusée de meurtre pour avoir empoisonné son maître d’apprentissage avec de l’arsenic. Elle avait ensuite découpé le corps de la victime pour le cuisiner et le servir en repas à son épouse.
Il est écrit que la criminelle a été abattue le jour de son interpellation par les forces de l’ordre.
Ensuite, vient le Matricule 62280, Hélène la Gangrène, accusée de meurtre et de « maricide ». Alors que son époux la forçait à se prostituer et que sa belle-mère l’incitait à s’alcooliser entre deux passes, Hélène, pour mettre fin à son calvaire, s’était immolée par le feu après avoir poignardé son compagnon. Trois personnes de la belle-famille périrent dans l’incendie en plus de la criminelle.
Enfin, à gauche, Matricule 62836, Betty l’Ange Noir, infirmière de métier, accusée d’avoir empoisonné une trentaine de patients, toutes par injection létale de morphine. Ses motivations ? Elle scandait à tue-tête qu’elle était la fille de Satan !
Elle aussi fût condamnée à mort et exécutée peu de temps avant sa sœur de cœur Jeanne.
Pourtant, sur cette photo, le quidam moyen aurait reconnu quatre jeunes femmes épanouies et joyeuses, de futures bonnes épouses et futures bonnes mères…
Pour les jurés, elles avaient tué à mains nues, utilisé la ruse et la séduction et ils avaient refusé de leur reconnaitre de quelconques troubles psychiatriques. D’ailleurs, cette photo était bien la preuve qu’elles se portaient bien !
Médusée, je rangeais soigneusement la photo dans l’épais dossier que je classais définitivement.