Atelier d’écriture proposé par : Emilie Bert
D’après une collecte de mots sur le thème « Chut ! » :
Silence, bruit, doigt, symphonie, discrétion, calme, moucharder, monacal, miracle et les 3 mots supplémentaires Culte, cri et compromettre.
L’attente…

Comme à son habitude, Louise était arrivée très en avance à son rendez-vous d’entretien d’embauche, tout ça parce qu’elle n’aurait jamais supporté une réflexion sur un éventuel retard.
Pour l’occasion, elle avait choisi une tenue quasi monacale. Elle portait une jupe droite en tweed gris, surmontée d’une tunique beige, dépourvue de décolleté. Seule sa petite chaine en or ajoutait une touche de féminité. La paire d’escarpins démodés qu’elle avait aux pieds, commençaient déjà à la faire souffrir et elle rêvait de se défaire de la veste en laine bouillie qui lui grattait la peau à travers le tissu de sa blouse. Elle avait préféré cette tenue plutôt austère à une trop olé-olé qui aurait pu compromettre ses chances d’obtenir le poste convoité.
Après s’être présentée à l’accueil, l’hôtesse, sans même lui adresser un mot, lui pointa une chaise du nez. Louise s’exécuta sans faire un bruit, tout en observant son environnement. Les hauts murs du hall semblaient dépourvus de vie, il faisait froid et Louise se sentait perdue dans un milieu peu agréable. Les minutes s’écoulaient lentement et le silence devint vite pesant d’autant que l’estomac de la jeune femme se mit à entonner une symphonie de borborygmes peu harmonieux. Pour la discrétion, c’était perdu… Louise croisa le regard hostile de la secrétaire par dessus la banque. Elle la sentait prête à moucharder le moindre faux pas à son patron. Louise avait besoin de ce poste et comptait sur un miracle pour l’acquérir. Elle prit sur elle et adressa un sourire d’excuse à son cerbère.
Louise commençait à avoir les mains moites et elle sentait son chemisier lui coller dans le dos. Il n’y avait aucune revue à sa disposition pour faire diversion. C’est alors qu’elle fût prise de ses tocs qui s’invitaient à chaque fois qu’elle s’angoissait.
Elle se mit à éplucher frénétiquement chaque parcelle de sa jupe, à l’affût du moindre petit poil ou cheveu coincé dans le tissu de son vêtement. En moins de deux minutes, elle roulait une boulette de fibres entre son pouce et son index et aussitôt un sentiment d’apaisement la rassura.
C’est alors que l’œil de Louise se posa sur son collant. A nouveau, de ses doigts, elle se mit frénétiquement à picorer ses jambes. Devant un poil récalcitrant, de son ongle, elle gratta si fort, que la maille fila aussi vite qu’un train à grande vitesse ! Sur l’instant, elle aurait fait n’importe quoi pour retenir le cri qui s’échappait de sa gorge, ce qui le transforma en gargouillis monstrueux.
Louise n’arrivait plus à garder son calme. Elle sentait le feu lui bruler les joues, son cœur tambourinait dans sa poitrine et ses yeux roulaient de la porte d’entrée à ceux de la secrétaire, comme pour s’échapper plus vite que ce corps en panique. Comment pourrait-elle honorer son rendez-vous avec une échelle défigurant sa tenue qui se devait être si parfaite ?
D’un petit geste anodin, son culte de la perfection venait d’être annihilé et ses espoirs de travailler avec.
Elle quitta sa chaise, sans même un regard ou un mot d’excuse pour la femme qui la regardait partir, un rictus de satisfaction sur les lèvres.
Marla
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C’est peut-être pour ça que je porte presque toujours le pantalon 😉
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😉
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m’enfin! quitter les lieux pour une maille filée! ahlala 😉
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Quand on est stressé du bulbe, on est stressé du bulbe !
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Bon jour,
La narration est bien menée au fil de l’angoisse du personnage qui d’un espoir se brise morceau par morceau jusqu’au moment de l’écroulement avec l’effet dramatique comme une signature ironique d’ « un rictus de satisfaction ».
Max-Louis
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Merci !
La pauvre aurait peut être dû prendre un truc de son choix pour se détendre par anticipation…
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les tout petits riens qui ruinent une journée 😦
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Voir une vie !
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On ressent bien la montée du stress de Louise dans la narration !
Nous avons choisi le même prénom pour notre personnage et aussi bien le tien que le mien, celui-ci me semble proche 🙂
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Hello Marlabis
Aïe je me mets à sa place. La pauvre… C’est terrible.
C’est vrai qu’un bas filé ça fait mauvais effet 🙄
Heureusement, les collants actuels ne filent plus ainsi !
J’aime beaucoup ce texte, plein de réalité. Un entretien d’embauche est toujours une épreuve. Ca me rappelle des souvenirs 😉
Bises d’O.
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